Le blog de Philippe Liria

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« Trop, c’est trop ! » Crient haut et fort les professeurs de français de Madrid

Posted by Philippe Liria sur 06/03/2020

Rien de nouveau sous le soleil d’Espagne mais la coupe est pleine cette fois ! C’est en tout cas ce que les professeurs de français (mais aussi d’allemand, d’italien, etc.) semblent commencer à vouloir faire savoir. Le ton monte. Les réseaux se sont remplis de messages (#50minutosnobastan, #Madridsemerecesegundoidioma, #elfrancesnosetoca, #quieroestudiarfrances) pour mobilier et soutenir les enseignants, défendre la deuxième heure tout en disant bien que c’est plus qu’insuffisant et souligner les contradictions d’un gouvernement local qui vend du vent avec son bilinguisme à quatre sous. Une concentration est d’ailleurs prévue ce vendredi à Madrid pour freiner le décret de la Comunidad de Madrid qui réduirait à une simple misérable petite heure. J’en parlais déjà dans mon précédent post.

Trop, c’est trop !

En effet, trop, c’est trop ! Les professeurs de français de Madrid ont raison de protester. Certainement que ce sont toutes et tous les professeurs de français d’Espagne qui devraient le faire. Car, au bout du compte, ce décret dont Isabel Díaz Ayuso, la présidente de la région Madrid, se vante car il favoriserait l’éducation physique n’est qu’un exemple de plus du peu de cas que l’Espagne dans sa globalité fait à l’enseignement d’une deuxième langue étrangère. On réforme pour la énième fois l’enseignement obligatoire (l’ESO) mais sans introduire la moindre mesure qui serait un véritable pas en avant pour que les langues occupent la place qu’elles devraient avoir dans la formation des citoyens dès leur plus jeune âge. Julián Serrano, président de la FEAPF rappelle que  “Le Gouvernement central n’apporte pas de réponse univoque au niveau de l’Etat qui garantirait l’apprentissage de deux langues, important pour jouer le rôle de compensation social du système éducatif. Si cet apprentissage n’est accessible qu’à un petit nombre, c’est un grande partie de la société qui en pâtit » (Elconfidencial.com, 05/03/2020). Je dirais de toute façon qu’un pays qui a déjà du mal à assumer sa propre pluralité linguistique a certainement du mal à accepter qu’en plus, on y développe un vrai enseignement d’autres langues. Et pourtant tout le monde y gagnerait et sur tous les points ! Malheureusement, plutôt que de réfléchir à une amélioration des contenus et des techniques d’un enseignement qui vise des objectifs de B1 voire de B2, il faut se battre pour en maintenir la place dans les collèges, et souvent dans l’indifférence de beaucoup trop de parents encore qui ne voient pas l’intérêt d’une deuxième langue sauf au dernier moment, en cas de crise. Mais c’est souvent trop tard !

Espérons que l’Espagne comprendra que la politique (y en a-t-il vraiment une) d’enseignement des langues telle qu’elle existe aujourd’hui ne mène nulle part. Alors que nous pouvons constater que plusieurs pays qui avaient abandonné l’enseignement du français au profit du tout-anglais sont en train de revenir sur leur décision et cherchent à favoriser le plurilinguisme, non pas sans difficulté car personne n’a dit que c’était facile, assisterons-nous enfin à un changement de cap ?   Saurons-nous prendre la voie du plurilinguisme ? J’aimerais y croire… mais je ne vois rien dans la nouvelle réforme. Hélas !

Pour en savoir plus

A lire dans Elconfidencial.com du 5 mars 2020 : Mucho bilingüismo, pocos idiomas: España se queda atrás y los profesores estallan (en espagnol)

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