Le blog de Philippe Liria

Auteur, formateur, consultant et éditeur de français langue étrangère (FLE)

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Exercices de grammaire et approche actionnelle

Posted by Philippe Liria sur 30/05/2010

Ces jours-ci, on m’a beaucoup parlé d’exercices de grammaire… Même les professeurs les plus attachés à mettre en place une démarche actionnelle dans leurs cours insistent sur ce besoin des apprenants. Besoin réel ou impression ? Finalement, peu importe. Les apprenants sont friands d’exercices mécaniques. Faut-il dès lors se plier à la demande alors que notre logique didactique préconise des activités en contexte plutôt que des exercices vides de sens ? Et si, finalement, nous rendions compatibles la démarche actionnelle avec ces exercices « bêtes et méchants » ? Après tout, il faut bien admettre que nous aussi les avons pratiqués et ils nous ont peut-être permis de mieux fixer des règles ? Ne sommes-nous pas satisfaits, quand nous nous exprimons en pur globish, d’au moins le faire avec une certaine qualité grammaticale, à défaut de pouvoir le faire avec l’aisance de l’anglophone natif ?

Rendre compatible l’exercice purement systématique et la démarche actionnelle, c’est un peu comme justifier le passage des plots pour être plus compétent le jour du match, comme j’aime l’expliquer dans mes ateliers pour montrer comment nous pouvons finalement joindre les deux éléments sans qu’ils s’entrechoquent. Au contraire, ils se complètent. Le parallélisme avec un jeu collectif comme le football est, de ce point de vue, fort intéressant. Je ne m’étalerai pas ici sur les rôles de chacun mais voudrai juste souligner l’importance de l’exercice sans perdre de vue l’objectif final : notre joueur de foot sait pourquoi il doit dans les séances d’entraînement passer parfois des heures à faire des exercices. L’entraîneur ne les lui donne pas pour le simple plaisir de lui faire passer des plots. Quel intérêt ? S’il demande au joueur de réaliser tel ou tel exercice, c’est que celui-ci est conscient qu’en le réalisant, il sera plus compétent, donc plus efficace dans sa mission ou sa tâche du samedi, face à l’adversaire.

De plus, à défaut d’être passionnant, l’exercice pur et dur, puisque réclamé par l’apprenant, pourrait peut-être prendre d’autre forme ou, mieux encore être présenté sur d’autres supports. C’est ce qui pourrait aussi les rendre plus attractifs ergo plus motivants. C’est là que le rôle des nouvelles technologies va être primordial. Plutôt que de donner aux apprenants des batteries d’exercices dans un livre de grammaire qui ne contient pas forcément les points dont ils ont le plus besoin, il s’agira de proposer dans des espaces – des plateformes ? – des exercices en rapport avec les thèmes traités en classe dans le manuel mais qui portent plus sur la forme que sur le fond. Ce changement de support doit rendre plus dynamique l’exercice et donc plus motivant. C’est un peu comme quand nous sommes passés du jeu de société sur table au jeu électronique.

Bien entendu, le fait que les exercices soient en ligne et qu’ils soient plus dynamiques ne doit pas empêcher un suivi car, comme l’entraîneur qui adapte les exercices de ces joueurs à leurs besoins individuels par rapport à un match à jouer, il faudra que les enseignants sachent choisir et proposer les exercices qui conviennent le mieux et qu’ils puissent ensuite en faire le suivi (l’apprenant a-t-il fait ses exercices ? A-t-il pu comprendre ses résultats et remédier si nécessaire aux erreurs pour qu’ils soient efficaces sur le terrain, c’est-à-dire dans la réalisation de la tâche ?).

En somme, je crois que nous devons admettre que si un apprenant ressent le besoin de s’exercer sur des points de langue, permettons-le-lui. Mais proposons des exercices adaptés à ses besoins et que ceux-ci peuvent varier en fonction du niveau, de la langue de départ, de la situation dans laquelle il peut réemployer la langue cible, etc.

Ces « exercices à la carte », c’est certainement une application que doivent nous fournir des supports comme les plateformes. À chacun de télécharger ou de faire en ligne les exercices adaptés à son profil, mais, et c’est important, sous prescription du professeur qui doit pouvoir identifier et donc conseiller l’apprenant dans son choix et dans la mesure du possible lui fournir aussi un instrument de mesure des résultats obtenus, qu’il faudra aussi mettre en rapport avec l’usage que fera un apprenant des points traités dans la réalisation de la tâche.

Pas simple, donc, de rendre compatible exercices et actionnel mais nous sommes en train d’entrevoir des réponses possibles à cette question qui revient presque systématiquement. Espérons que celles-ci arrivent rapidement à faire leur entrée dans la classe.

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