Le blog de Philippe Liria

Auteur, formateur, consultant et éditeur de français langue étrangère (FLE)

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MOOC Travailler en français : le bilan

Posted by Philippe Liria sur 05/10/2014

moocEn janvier dernier, j’avais eu le plaisir d’interviewer Alix Creuzé à l’occasion du lancement du MOOC Travailler en français (lire l’entretien). En septembre, Le café du FLE a proposé de dresser le bilan de cette initiative. Alix Creuzé et Jérôme Rambert ont donc répondu aux questions du webzine en soulignant les réussites mais aussi les limites de cette expérience. Lire l’article.

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Travailler en français, un MOOC pour le français professionnel

Posted by Philippe Liria sur 14/01/2014

« Très peu de gens ont aujourd’hui travaillé sur des MOOC dans le domaine du FLE. L’expérimentation nous permettra (…) de réfléchir à de nouvelles modalités d’apprentissage en ligne »

Capture d’écran 2014-01-14 à 21.32.48Comme le signale le Français dans le Monde dans son dossier consacré au français professionnel (‘Dossier : Français professionnel, nouveaux publics, nouvelles pratiques’ in FDLM nº391, janvier-février 2014), notre langue « devient également une langue forte à l’international car [elle] offre de réelles opportunités d’emploi. Les cours de français professionnel ou sur objectif spécifique connaissent ainsi un succès croissant dans les écoles du monde. » Et pas seulement dans les écoles… C’est ainsi qu’à partir du 15 janvier, les apprenants du monde entier pourront renforcer leur compétence en français professionnel grâce au lancement du MOOC Travailler en français.
Alors pour en savoir plus sur cette initiative internationale, j’ai demandé à l’une des coordinatrices du projet, Alix Creuzé, de l’Institut français d’Espagne, de bien vouloir répondre pour ce blog à quelques questions…

Alix Creuzé, co-coordinatrice du MOOC Travailler en français

Alix Creuzé, co-coordinatrice du MOOC Travailler en français

Comment est née l’idée de ce MOOC de français professionnel ?

Le projet Voyages en français est issu d’une collaboration entre l’Institut Français d’Espagne et la région Aquitaine. Il a permis à l’équipe de professeurs concepteurs de se connaître, d’apprendre à travailler ensemble, de mutualiser à distance, de partager leurs compétences, et enfin de s’apprécier. Nous avons souhaité faire vivre autrement les ressources et activités que nous avons créées collectivement. Voyages en français est un site où l’approche interculturelle est omniprésente. Nous avons sélectionné le thème du travail qui répond le plus aujourd’hui aux demandes de nos étudiants, que ce soit en cours présentiel ou à distance. Il s’agit là d’un complément, ouvert, gratuit, où chacun prend ce dont il a besoin en fonction de ses objectifs. En tant qu’animateurs nous interviendrons comme facilitateurs mais ne jouerons pas le rôle de professeurs au sens attendu du terme. Nous ne proposerons pas, par exemple, de corrections mais des pistes pour que chacun puisse s’auto-évaluer, s’auto-corriger ou pour faciliter la correction entre pairs.

Qui sont les organisateurs et quels sont leurs intérêts à proposer ce type de MOOC ?

Avant tout il est important de rappeler que ce projet est celui d’une équipe plus que celui d’une institution. Evidemment, nous sommes appuyés par les quatre Instituts Français partenaires qui ont permis la mise en œuvre du MOOC et ont un fort intérêt pour la démarche d’innovation pédagogique. L’Institut français de Madrid et notre directeur des cours Sylvan Pradeilles, soutiennent ce projet : cela se fait à travers ses ressources humaines (notre équipe travaille depuis 12 ans maintenant sur des dispositifs de français langue étrangère à distance), sa logistique, ses équipements (des salles de visio-conférences notamment), son expertise technique, sa communication. Les Instituts français de Milan, Brême et Londres et l’Open University sont aussi partenaires. Le partenariat se matérialise avant tout à travers le travail de chaque équipe comme vous le verrez pendant le MOOC ! Je souligne la forte implication de Gaëlle Robin, directrice du Centre de Langue de l’Institut français de Londres, dans toute la réalisation de ce projet.

Il s’agit d’expérimenter une approche complémentaire, qui peut venir en appui aux cours présentiels. Apprendre une langue aujourd’hui, c’est diversifier les occasions de la pratiquer mais savoir aussi se poser des questions, faire des choix concernant ses objectifs, son parcours, quelle que soit sa modalité d’apprentissage, en présentiel ou en ligne. A nous d’accompagner cette prise de conscience et ce temps de réflexion individuel de tout apprenant.

Par ailleurs, en tant qu’enseignants, nous devons réfléchir aux ressources qui nous sont offertes, en ligne et hors ligne, à la manière dont nous pouvons aider les apprenants à se les approprier et à en tirer le meilleur avantage sans se noyer.
Cette expérimentation fait ainsi partie d’une réflexion sur notre stratégie numérique en tant qu’organisme d’enseignement apprentissage du français langue étrangère.

Qui forme l’équipe ? Comment travaillez-vous entre vous ?

Ce sont les concepteurs du site Voyages en français, à Madrid, Milan, Brême, Londres. Ces quatre Instituts français collaborent aussi pour le cours de français en ligne que nous proposons pour les niveaux A1 à B2. Nous avons ainsi une démarche et une réflexion permanente sur ce qu’est apprendre à distance, travailler dans une dynamique de mutualisation mais aussi sur la complémentarité entre présentiel et en ligne. Jérôme Rambert co-coordonne ce MOOC avec moi, notamment à travers son expertise sur les outils Google. En effet nous aurions pu utiliser notre plateforme d’apprentissage en ligne Moodle, ou l’outil collaboratif Spip utilisé pour le site Voyages en français, mais cela n’allait pas suffisamment dans le sens de l’ouverture complète. La gratuité de l’outil a été un élément décisif puisque nous n’avons pas de budget de développement. Il est fortement envisageable que nous fassions d’autres choix s’il y a une suite à cette expérimentation.

Le cinquième partenaire est l’Open University à Londres à travers Tita Beaven qui a été partie prenante dans notre démarche collaborative depuis 2008 et qui a suggéré de « faire un MOOC ensemble » après une première expérience avec l’Open University.
Nous travaillons à distance, avec tous types d’outils collaboratifs et en communiquant par visioconférences. Nous nous rencontrons une fois par an.

Quels sont les contenus de ce MOOC ? Qui les crée ?

Les cinq thèmes principaux sont issus du site Voyages en français (rubrique Pratique). Nous avons donc tenté d’incarner ces ressources autrement, de leur donner une « vie pédagogique » différente en proposant des activités et en les associant à d’autres compléments disponibles en ligne (applications web 2.0, ressources de fle, etc.)
Je cite toujours François Mangenot quand il parlait il y a des années du rôle de l’enseignant, celui de « baliser les parcours« , c’est ce que nous avons fait en amont et que nous ferons durant toutes la durée du MOOC.

À qui s’adresse ce MOOC ? Y a-t-il un test d’accès pour vérifier le niveau minimum requis ?

Le MOOC s’adresse à des étudiants de niveau B1 en cours d’acquisition (B1.2 et plus pour être plus précis). Nous proposons un test d’auto-évaluation à réaliser la première semaine. Ensuite, c’est ouvert : s’inscrit qui s’estime suffisamment compétent pour participer, tant sur le plan du niveau de langue que de la compétence technique car il y a aussi quelques pré-requis, notamment pour suivre les visioconférences.

Vous annoncez des travaux collaboratifs. Comment se mettent-ils en place ? Qui les coordonne ? Comment les apprenants travaillent-ils entre eux ?

Capture d’écran 2014-01-14 à 21.34.11Nous mettons à leur disposition une boîte à outils. Nous voulons éviter la surcharge cognitive car nous ne sommes pas une formation TICE, mais il est difficile parfois de se limiter ! A chacun ensuite de faire sa propre sélection. Encore une fois nous ne sommes pas dans le cadre d’un cours en ligne (j’allais dire « cours en ligne traditionnel » puisqu’il fait aujourd’hui partie intégrante de notre offre de cours) comme nous le faisons sur notre campus de cours en ligne Moodle… Ici tout sera ouvert et s’appuiera sur l’implication des participants.
Les animateurs-facilitateurs veilleront à accompagner ce cheminement : être là pour faire vivre l’espace MOOC, répondre aux questions, donner des pistes, résoudre des problèmes concrets, etc.

Avez-vous élaboré ou élaborerez-vous des capsules video avec des modèles d’entretien d’embauche ? Introduisez-vous des concepts comme le CV-vidéo ?

Le concept est bien entendu abordé, ne serait-ce qu’au travers de ressources complémentaires que nous proposons sur le site Voyages en français. Les participants pourront réaliser leur CV vidéo avec des applications disponibles en ligne et les mettre en commun s’ils le souhaitent. En ce qui concerne les contenus, nous allons tenter, grâce à l’apport des experts qui interviendront dans les visioconférences, que les participants comprennent combien la faculté d’adaptation est importante pour trouver un emploi aujourd’hui quel que soit le pays dans lequel on travaille. Les outils de recherche évoluent très rapidement. Si l’on ajoute à cela le fait de se retrouver dans un autre pays que le sien, dans une langue différente, dans une culture différente, on comprend que la tâche est loin d’être aisée.

Le maître-mot est l’ADAPTATION !!! Savoir se repérer, sélectionner, oser se lancer, mais aussi savoir évoluer en restant soi-même, modifier ses représentations, poser des questions, etc.

Quels sont les objectifs de ce MOOC ? Quelle retombée attendent les organisateurs ?

Très peu de gens ont aujourd’hui travaillé sur des MOOC dans le domaine du FLE. L’expérimentation nous permettra, je l’espère, de réfléchir à de nouvelles modalités d’apprentissage en ligne et hors ligne (j’insiste sur cette complémentarité). A travers le notre suivi et les questionnaires d’évaluation en début, milieu et fin de parcours, nous tenterons d’analyser la motivation, l’implication des apprenants dans un dispositif complètement ouvert comme celui-ci.
Bien entendu, pour l’Institut français, c’est aussi une façon de faire connaître notre expertise en matière de dispositifs en ligne, cours et tutorats.

Le programme actuel est sur 6 semaines. S’agit-il d’une expérimentation ?

Oui, et c’est vraiment ainsi que nous demandons à chacun d’appréhender cet événement, avec curiosité certes mais aussi envie de s’impliquer et bienveillance. Si nous nous appuyons sur nos expériences acquises aussi bien dans l’enseignement/apprentissage que dans les parcours en ligne, il y a beaucoup de paramètres inconnus. Nous savons que nous aurons des surprises – bonnes ou mauvaises -, des difficultés certainement, mais espérons que cela sera une base pour avancer !

Combien d’apprenants sont attendus pour cette première ?

Nous avons plus de 800 inscrits et tous les jours de nouvelles inscriptions. Il y a beaucoup de curieux mais c’est en tout cas, d’après les questionnaires d’inscriptions en ligne qu’ils ont remplis, le signe que nous répondons à un besoin réel.

Les questionnaires nous indiquent qu’ils se sont inscrits pour différentes raisons : certains doivent partir vivre dans un pays francophone ou y vivent déjà, pour pratiquer en français sans objectifs précis, pour participer à une semaine concrète qui répond à un besoin immédiat voire urgent, ou encore se construire un « réseau » de pairs avec lesquels échanger. Certains viennent « pour voir ». Pour quelques enseignants enfin, la participation s’inscrit dans le cadre d’un projet de classe plus large et les apprenants vont à la fois travailler dans la classe et sur le MOOC.

Pour l’équipe d’enseignants que vous coordonnez, qu’attendez-vous de participants qui ont ‘le droit de participer silencieusement’ par exemple ?

Oui, vous évoquez la charte ITYPA que nous avons fait nôtre dans ses grands principes en tout cas, la liberté de participer ou pas, d’être passifs ou pas, de suivre tout le parcours ou une seule semaine … Nous entrons là dans la grande inconnue du MOOC !!! J’en profite pour dire que Christine Vaufrey, rédactrice en chef de Thot et co-conceptrice d’ITYPA nous a aussi donné des pistes et, comme elle nous l’a dit, généreusement « passé le relais« . En effet, pour moi, le MOOC ITYPA reste exemplaire : des formateurs, concepteurs qui se lancent avec les moyens du bord, rencontrent des difficultés, essuient des échecs mais au final ont permis à une grande quantité de participants, de comprendre, de faire, de se poser des questions de découvrir et de « passer« (transmettre) aussi à d’autres ce qu’ils ont appris.

Il y aura certainement beaucoup d’observateurs silencieux mais, nous voyons avec plaisir que des professeurs ou des apprenants se proposent par mail pour donner « des coups de main » … Nous sommes très favorables à cela évidemment !

Quel avenir pour les MOOC d’apprentissage du français ?

Pour moi, le mot MOOC n’a pas beaucoup d’importance, ni d’intérêt en soi et je me méfie du mot ‘massif’. Tout dépend de la façon dont on l’interprète ! Certains parlent aussi de C.MOOC (C pour constructiviste) et cela correspond plus à ce que nous voulons faire. Ce qui est intéressant c’est le dispositif et les possibilités immenses que nous offrent les outils en ligne aujourd’hui. Mais la réflexion sur l’apprentissage reste identique : comment proposer des activités qui s’appuient sur les interactions, l’action et non des contenus purement transmissifs alors que l’on ne sait pas a priori à qui l’on s’adresse ni à combien de personnes ? Est-ce que cela ne remet pas en cause notre démarche ? Nous avons déjà certaines réponses car les questionnaires auxquels les participants ont déjà répondu nous permettent de connaître leurs motivations. Mais comment vont-ils suivre les parcours ? Vont-ils participer ou juste venir en tant qu’observateurs passifs ? Vont-ils regretter les corrections, les notes ? Nous ne le savons pas encore. La dynamique de notre projet s’appuie sur la participation, apprendre avec les autres. Bref, MOOC ou pas MOOC, rien de nouveau en fait ! L’enjeu reste le même, apprendre et pratiquer le français. Nous savons de par notre expérience d’enseignants dans des contextes hybrides que « se mettre en action » quand on travaille en ligne n’est pas toujours facile pour les apprenants. Cela demande une implication très forte, nécessite une grande motivation et surtout le sentiment que l’effort en vaudra la peine. Cela implique quelques sacrifices pendant un temps donné, une régularité dans le travail, une prise de risque …Nous en saurons un peu plus dans quelques semaines !

Merci Alix et toute l’équipe de Travailler en français.

Date de lancement du site : le 15 janvier 2014.

Pour en savoir plus :
https://sites.google.com/site/mooctravaillerenfrancais/home
http://voyagesenfrancais.fr/?lang=fr

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