Le blog de Philippe Liria

Auteur, formateur, consultant et éditeur de français langue étrangère (FLE)

Dix ans de blog déjà ! Merci à toutes et tous !

Posted by Philippe Liria sur 30/12/2019

Article du 2 janvier 2010 sur le livre scolaire à l’ère du numerique

Il y a 10 ans maintenant, je décidais sur les conseils d’un collègue de l’époque d’ouvrir ce blog sur http://www.wordpress.com. Dix ans déjà ! D’abord sporadiquement et très discrètement, j’ai commencé par un article sur les TNI que j’appelais encore TBI d’ailleurs. En le relisant, 10 ans après, je me rends compte aussi qu’il est nécessaire d’apprendre à relativiser l’enthousiasme ou l’émerveillement que peut susciter une nouveauté technologique. Au centre des inquiétudes, déjà, était la motivation et j’augurais à tort que le TNI allait vraiment y contribuer. Le temps et surtout la pratique à montrer qu’il n’en est presque rien car trop souvent, l’outil, même s’il s’est généralisé, n’a pas vraiment changé la façon de faire la classe dans bien des cas. En me plongeant dans les archives de ce blog, j’y retrouve des réflexions sur l’avenir des manuels scolaires dans un monde numérisé. Je notais déjà que nous avancions « inexorablement vers une classe où le virtuel, notamment dans l’enseignement des langues, permettra de faire de cet espace-classe un lieu d’interactions véritables avec une vraie présence de la langue-cible. » Au long de toutes ces années, j’ai souvent écrit au sujet de la place des technologies dans notre domaine que ce soit les TNI, les manuels numériques, la tablette, les plateformes, les MOOC, la réalité virtuelle ou encore, comme dans mon tout dernier article, une référence aux robots. Il ne s’agit ni d’encenser le numérique ni de le mettre à l’index mais bien de faire le point sur l’avancée des technologies au service de l’apprentissage car le risque des mauvais usages n’est jamais bien loin des avantages que celles-ci présentent. Je l’évoquais déjà en 2015 dans un article qui s’interrogeait sur ce que signifie apprendre à partir des ouvrages de Roberto Casati et Michel Serres respectivement.

Mais il n’y pas que la technologie et d’ailleurs, je n’ai jamais voulu la dissocier de la didactique car rien ne sert de la faire entrer dans la classe si ce n’est pas pour la mettre au service d’une didactique plus efficace ; pour qu’elle permette aux apprenants de mieux acquérir des compétences. J’y ai donc souvent parlé de l’approche actionnelle non sans faire évoluer mon opinion dessus. Certains me reprocheront peut-être d’avoir mis de l’eau dans mon vin. Et ceux qui me connaissent bien savent ô combien un tel mélange est un sacrilège pour moi ! Mais c’est aussi parce que je crois que la démarche est juste qu’elle demande d’être mise à la portée de tous et pour cela, nous devons peut-être savoir renoncer à certains postulats trop radicaux. La didactique doit avancer mais elle ne peut ignorer le contexte dans lequel elle le fait. D’ailleurs, c’est parce que je continue à y croire tout en étant conscient des difficultés à la mettre en oeuvre que j’ai perçu dès le départ que la classe inversée en être un facilitateur.

On assiste aussi aujourd’hui, et peut-être dans cet effet de pendule qu’on retrouve régulièrement en didactique,  à une certaine demande d’un retour à des fondamentaux comme par exemple de la grammaire. Comment rendre à la fois compatible la nécessité d’avoir des connaissances grammaticales solides sans que son étude ne soit une obsession et même un frein à l’acquisition de compétences de communication et d’action dans la langue-cible ? La grammaire inductive est-elle une réponse possible ? Dès décembre 2012, j’envisageais dans un article qu’elle le soit dans les propositions devant faciliter la place d’une grammaire autrement en classe. On veut y croire mais on voit là encore que sur le terrain les choses ne sont pas si simples. J’y ai parlé du CECRL, de ses implications dans notre enseignement et plus récemment, j’ai commencé à m’intéresser à ce volume complémentaire qui contient de nouveaux éléments ou en tout cas en propose une vision enrichie grâce à de nouveaux descripteurs. Certainement que nous en reparlerons. Parmi ces éléments, la place à réserver, chaque fois plus grande au bilinguisme et mieux encore au plurilinguisme.

Il y a eu aussi cet article paru en octobre 2012 sur la pédagogie inversée. Le tout premier d’une série sur le sujet. Et d’ailleurs l’un des tous premiers à essayer de faire le lien entre FLE, approche actionnelle et cette pédagogie au nom encore hésitant en français à ce moment-là. Puis vinrent plusieurs autres articles sur la question pour aboutir finalement avec Cynthia Eid et Marc Oddou à la publication chez CLE International à un ouvrage qui y est justement consacrée à qu’aujourd’hui nous nommons plus généralement la classe inversée.

Premier article dans lequel j’évoquais la classe inversée (Octobre 2012)

Dans ce blog, essentiellement dédié à la didactique du français langue étrangère, je n’ai jamais manqué aussi d’être critique (et continuerai à l’être) quand c’est nécessaire quand on parle de la situation du français dans le monde, non sans hypocrisie parfois comme lors de congrès ou à l’occasion des célébrations autour de la Francophonie ; de m’insurger parfois sur le statut des enseignants FLE (un des articles les plus consultés) mais aussi par rapport à certaines situations pédagogiques comme la place du smartphone en classe ou les polémiques autour de la féminisation des noms de métiers ou plus récemment autour de la médiation (un sujet épineux en Espagne par exemple) mais aussi plus politique car, notre monde du FLE ne peut rester indifférent face à ces phobies qui se dressent comme j’intitulais mon article de mars dernier, contre la glottophobie aussi ou une réflexion sur les inquiétudes que provoquent la monté de l’extrême-droite et des populismes en général un peu partout dans le monde.

Et si j’ai continué à écrire au fil des mois puis des années, c’est parce que vous êtes des milliers à me lire régulièrement et souvent à partager mes réflexions en les diffusant sur les réseaux. Je vous en remercie du fond du coeur. Ce n’est pas simple de maintenir le rythme. Parfois les événements extérieurs ne le permettent pas toujours. Je sais aussi que ce que j’écris n’a aucune prétention si ce n’est apporter quelques éléments pour, modestement, essayer de faire avancer le monde de la didactique des langues et plus particulièrement celle du FLE dans lequel je suis tombé, un peu sans le vouloir, en 1989, loin d’imaginer que j’en ferais encore partie 30 ans après !

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